Xperience portative

Publié le par La Traversée du Stick

C'est inéluctable, et je n'en suis pas spécialement ravi, les univers de la téléphonie mobile et des jeux vidéo deviennent intimement liés. On l'avait vu dans le choc des placements produits, la 3DS comme la NGP ont un principal concurrent en ligne de mire : les smartphones, qui permettent de jouer dignement à un prix raisonnable, et rendent moins légitime, ou en tout cas moins nécessaire, l'acquisition d'une console portable. Sony Ericsson a profité du salon mondial des téléphones mobiles la semaine dernière pour présenter le Xperia Play, le fameux Playstation Phone, en rumeur depuis au moins deux bonnes années. Il n'y a pas de quoi fichtrement s'enthousiasmer, néanmoins, c'est une façon intéressante pour Sony de renforcer sa position sur le marché des jeux vidéo.

 

Mettons déjà fin au lieu commun qui voudrait que Sony se soit fait déboîter la tronche par Nintendo sur le marché des consoles portables. Rappelons que jusqu'en 2004, et la sortie de la DS, Nintendo captait 100% du marché. Que Sony ait réussi à en grapiller ne serait-ce qu'un sixième est déjà un petit exploit : d'autant plus que la PSP a contribué à l'élargissement du marché. N'oublions pas non plus qu'au Japon, la PSP est très bien implantée et peut difficilement être qualifiée d'échec.

 

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A gauche, le Xperia Play, à droite, la PSP Go

 

Avec l'implantation des smartphone dans les poches de la population mondiale donc, posséder en supplément une console portable n'ira plus de soi. Sony a donc peut être tout intérêt de carrément proposer un Xperia Play tout en un, qui soit à la fois un vrai téléphone Android et une vraie console de jeu portable avec des touches et des boutons : mine de rien, c'est un ajout conséquent par rapport à l'iPhone par exemple, la plupart des jeux souffrant de n'être jouable qu'en tactile.

 

Le Xperia Play vise donc essentiellement les joueurs de 20-30 ans, cherchant un smartphone digne de ce nom mais permettant de jouer également dans de bonnes conditions. Le téléphone en a dans le ventre devrait permettre sans trop de difficultés d'atteindre une qualité de jeu équivalente à la PSP. La liste des jeux proposée n'a pas encore été détaillée, il reste encore quelques questions sur le Playstation Suite, qui devrait proposer des jeux estampillés Sony sur le Xperia Play, mais également avec tous les portables Android 2.3. Le système devrait être assez ouvert pour que les développeurs puissent soumettre à Sony des jeux qui pourra les mettre en avant.

 

Quoiqu'il en soit, Sony essaie de prendre le taureau du mobile par les cornes. Le géant japonais se rend compte qu'il est assis sur une bibliothèque de jeu populaire, qu'il est possible d'exploiter au dela de ses propres consoles. Les mettre en vente sur téléphones portable est un moyen comme un autre de ramasser des sous, et à mon avis, il ne serait pas surprenant de voir, dans quelques années, des jeux PS1 vendus sur Steam... Occuper le terrain des consoles portables et des téléphones portable en même temps est malin, contrairement à Nintendo qui reste sur un seul créneau. Et l'expérience dans le jeu de Sony, que n'a pas Apple, peut sérieusement permettre l'ouverture d'une niche, avec de vrais jeux sur de vrais portables. Sony a d'ailleurs déjà lié des contacts avec plusieurs gros développeurs, Gameloft et Electronic Arts par exemple, qui pourraient soutenir comme il se doit le Xperia Play.

 

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Remarquez, ce scénario me rapelle quelque chose. En 2004, Nokia était le leader incontesté du marché de la téléphonie mobile et sortait la N-GAGE, un téléphone qui serait en même temps une console de jeu. Un échec cuisant. Bizarrement, il ne faut pas uniquement l'imputer à la précocité de l'idée. Le hardware, déjà, n'était pas vraiment au point : écran plus haut que large, capacités en 3D restreintes, obligation de mettre le téléphone sur le coté pour téléphoner. Les jeux, ensuite, étaient vendus aussi cher que sur GBA et n'étaient pas franchement nombreux : Nokia gardera le support indéfectible d'Activision et THQ mais ça ne sauvera personne. Pas de grande franchise ou de grand héros qui aurait pu porter le support. Il fallait également acheter les jeux en magasins, et non les télécharger : or, le faible prix des jeux dématérialisés, couplé à l'achat d'impulsion, aide fortement à vendre. Le Xperia Play, qui promet de faire tout ce qu'un bon smartphone moderne fait, et en plus, d'être une bonne console, suscite en tout cas plus la confiance.

Publié dans Le poids des mots...

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